Ce film, qui emprunte sa structure narrative aux contes pour enfants, aborde le thème de la différence avec une simplicité candide. Par une économie de dialogues, la réalisatrice illustre le mutisme qui entoure le handicap physique du personnage de Charlotte. Ce parti pris, qui donne lieu à certaines scènes fort amusantes, dessert cependant parfois le propos en ne permettant pas d'éclairer les motivations des personnages. Par exemple, si le silence protecteur de Leonor envers sa fille s'explique, celui de Ludovico, qui aime la jeune fille et se rit des ragots, est moins compréhensible. D'autre part, il est difficile de comprendre la position morale de ce film, qui d'une part défend le droit à la différence et d'autre part expose cette différence comme un phénomène de foire. N'empêche, le regard bienveillant que pose la réalisatrice sur cette communauté rurale, l'onirisme des très belles scènes d'équitation et l'interprétation nuancée font de cette comédie douce-amère un véritable plaisir.
Texte : Martin Bilodeau