Par : Donald Bilodeau, Anjou

Cet excellent film québécois de Richard Martin est une remarquable adaptation cinématographique de la célèbre pièce de théâtre de Marcel Dubé. Il s’agit d’une étude de mœurs qui est un peu le précurseur du « Déclin de l’empire américain » de Denys Arcand paru 12 ans plus tard. Le synopsis est le suivant : « Dans la maison cossue d'un nouveau riche, quatre couples s'échangent des aménités ». Mais aucun des personnages formant ces couples n’est vraiment heureux et aucun d’eux ne réussit à combler le vide ressenti devant l’échec moral de leur vie. S’ajoute à cela la fille d’un de ces couples, la jolie Dominique qui, pour sa part, connaît sa première grande déception alors que son amant, un étudiant qui l'a rendue enceinte, exige d'elle qu'elle se fasse avorter. On assiste ici, dans ce film de 1974, à la transformation de la société québécoise déjà amorcée dans les années soixante. L’adultère, le divorce (à venir, dans le cas du couple central de l’histoire), l’alcoolisme, l’avortement, l’importance du matérialisme et du « bien paraître », tout ceci est bien présent, bien représenté par le réalisateur. Les acteurs sont tous au sommet de leur art. Jean Duceppe et Catherine Bégin excellent dans le rôle du couple qui se retrouve au bord du gouffre, Denise Filiatrault est sublime en femme frustrée qui va jusqu’à se dénuder devant tout le monde pour essayer de se faire aimer et de prouver qu’elle ne sait pas vieillir, Andrée Lachapelle est superbe en femme froide ne croyant plus ni en l’amour ni en son « courailleux » de mari (Gérard Poirier) et la jeune Louise Portal brille dans le rôle de Dominique, celle qui va grandir en perdant ses idéaux les uns après les autres. Une œuvre importante sur l’évolution de notre société québécoise.

J'attribue à ce film la Cote