Au plan technique, il faut signaler l'excellent travail d'Alain Dostie qui a choisi méticuleusement les images propres à obtenir le plus d'effet sur l'esprit du spectateur, suggérant des réalités plutôt que les exposant brutalement.

Ce n'est sûrement pas un film facile: son style, sa lenteur surtout peuvent surprendre des spectateurs habitués au rythme endiablé des thrillers américains. Mais cela devient vite, pour qui sait le regarder avec attention, un film captivant.

Pourtant Denys Arcand, qui en a écrit le scénario avec le romancier Jacques Benoît, n'a pas voulu faire de REJEANNE PADOVANI un film caricatural, un film de personnalisation.

Ni pamphlet ni dossier, et travaillant à même le mythe, le film tend moins à démasquer certaines tares du pouvoir qu'à dérouler, avec une impressionnante unité de temps, l'essence d'un drame.

Mais RÉJEANNE PADOVANI est, à l'heure actuelle, le premier film à le dire avec ce pouvoir de conviction, cet humour décapant et cette indignation contenue; à ne pas renoncer au prestige du pur spectacle pour étoffer un document; à démontrer que les rapports de force entre les grands de ce monde s'établissent au niveau de la braguette, sans que le film soit pour autant complaisant.