Fr. 1965. Drame de guerre de Pierre Schoendoerffer avec Bruno Cremer, Jacques Perrin, Pierre Fabre. En mai 1954 en Indochine, une section française tente de rejoindre une colonne de renfort. Adaptation rigoureuse d'un roman par son auteur. Souci d'authenticité. Photographie bien adaptée au sujet. Interprétation sobre.
En mai 1954 en Indochine, une section française tente de rejoindre une colonne de renfort. Adaptation rigoureuse d'un roman par son auteur. Souci d'authenticité. Photographie bien adaptée au sujet. Interprétation sobre.
Les films de guerre produits en France sont rares. Celui-ci se signale par son absence de romantisme dans la description des faits. Le souci d'authenticité apparaît avec évidence chez l'auteur qui a vécu lui-même la guerre d'Indochine. La photographie est particulièrement adaptée au sujet, grise, sans éclat, dans le ton des actualités. Les interprètes incarnent leur personnage avec sobriété et conviction.
Texte : Robert-Claude Bérubé
Pierre Schoendoerffer - Extrait
Deux minutes plus tard, une rafale déchirante troue le silence. Willsdorf et Ba Kut se retournent stupéfaits. Alors tout se passe très vite sous leurs yeux. La colonne est arrêtée, immobile, sur la piste. Derrière elle, sur la butte, l'herbe bouge, des petites silhouettes noires apparaissent, les rafales claquent. (...) Un chapelet de grenades V.B. explose sur la tête de la colonne. Le phosphore jaillit en gerbe blanche.
Pierre Schoendoerffer - Extrait
Depuis un quart d'heure, la colonne se débat lentement dans l'atmosphère glauque de la jungle. Sur l'arête étroite de la ligne de crête, les porteurs de blessés pataugent dans la boue, butent contre les racines, s'écorchent aux épineux. À chaque instant ils s'arrêtent, accumulent un peu d'énergie, prennent leur élan, avancent de quelques pas maladroits, tête baissée, se heurtent à leurs camarades et s'arrêtent encore (...). Le sang, la transpiration et la pluie imbibent leurs treillis, les collent à leur peau.
Pierre Schoendoerffer - Extrait
Il fait très sombre. Enfoncé dans la boue grasse de la cour, le sous-lieutenant Torrens, tête nue, rentre les couleurs. En face de lui, derrière l'adjudant Willsdorf raide comme un Prussien, le 1er groupe de la 317e section locale supplétive aligné sur deux rangs présente les armes. (...) Le drapeau français flasque et détrempé hésite, glisse lentement le long du mât et s'accroche parfois aux aspérités du bois. La poulie grince dans le silence rendu plus sensible par le clapotement monotone de la pluie.