L’AVIS DE MEDIAFILM

Avant la présentation de BOCCACCIO '70 au Festival de Cannes en 1962, le premier sketch, signé Mario Monicelli, a été retranché du film, et c'est ensuite cette copie qui a été exploitée en salle. Il s'agit donc ici de la version intégrale de ce classique du cinéma italien. Ouvrant le film, le segment de Monicelli se distingue par son réalisme et son regard amusé sur un jeune couple (attachants Marisa Solinas et Germano Gilioli) confronté à un monde en mutation. Le fantastique et l'exubérance dominent comme de juste chez Federico Fellini (avec une Anita Ekberg taquine et plantureuse), formant un vif contraste avec la forme soignée et l'amertume du sketch de Luchino Visconti, dominé par une Romy Schneider aussi sarcastique qu'émouvante. En finale, Vittorio de Sica adopte un traitement trivial pour illustrer les déboires d'une pauvre foraine (impériale Sophia Loren), en proie à la lubricité des hommes de son village. Nullement tirée du "Decameron" de Boccace - contrairement à ce que son titre indique -, cette production de qualité apparaît étonnamment féministe pour l'époque. Et parfois beaucoup trop longue pour un public contemporain, habitué aux montages rapides, qui vont à l'essentiel.

Texte : Louis-Paul Rioux