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2024-03-28 Martin Bilodeau

Léa des Hôtels

Le 31 août prochain marquera le 40e anniversaire de la sortie en salle au Québec de La femme de l’hôtel, premier long métrage de Léa Pool. Ce film sublime d’inspiration durassienne se fait l’écho du tout dernier film de la cinéaste d’origine suisse: Hôtel silence, qui prend l’affiche cette semaine au Québec.

Au-delà de la parenté des titres, il y a la parenté des thèmes et des errances. Dans La femme de l’hôtel, Louise Marleau joue une femme à la dérive, en proie à des idées suicidaires, qui prend une chambre dans un établissement de Montréal où une cinéaste (Paule Baillargeon) tourne un film sur une chanteuse qui a perdu pied (jouée par Marthe Turgeon). Dans Hôtel Silence, Sébastien Ricard joue un homme qui, pour épargner son entourage, se rend dans un pays ruiné par la guerre afin d’y mettre fin à ses jours.

À son propos, notre collègue Georges Privet écrit: «Cette adaptation du roman "Ör" de l'Islandaise Audur Ava Ólafsdóttir recoupe par le menu les thèmes chers à Léa Pool; de l’exil à l’enfance, et de la passion au déracinement. Le tout, dans un cadre fait sur mesure pour celle qui - de La femme de l’hôtel à Hotel Chronicles – s’est faite l’exploratrice des transformations liées aux espaces de transitions.»

Hôtel silence fait donc remonter à la mémoire le bon souvenir de La femme de l’hôtel. La chemise consacrée à ce film, conservée dans les rayons d’archives de Mediafilm (qui en compte plus de 60 000 autres), est riche d'enseignements.

La première coupure de journal (bienvenue dans le monde matériel) nous rappelle que, «Pour la qualité du regard posé sur ses personnages, le modernisme de sa mise en images et l’universalité de son propos», l’Association québécoise des critiques de cinéma lui avait cette année-là décerné son prix du meilleur film québécois. Ses concurrents étaient Le dernier glacier, de Jacques Leduc et Roger Frappier; La guerre des tuques, d’André Melançon; Jacques et novembre, de Jean Beaudry et François Bouvier; Mario, de Jean Beaudin et Sonatine, de Micheline Lanctôt.

Quelques mois plus tôt, dans un un texte élégiaque paru dans La Presse, Serge Dussault écrivait à propos de La femme de l’hôtel et de son auteure: «C’est, au Québec, un cinéma nouveau qui me fait penser au jeune cinéma allemand. À cause de la nuit, de l’errance. Du climat. Des communications difficiles. De la fascination du suicide. Et de cette façon de décrocher, d’être ailleurs, qu’on appelle folie».

John Bemrose dans la livraison du 5 novembre 1984 du magazine MacLeans, écrivait: «La femme de l’hôtel est une parabole élégante et envoûtante sur la relation mystérieuse entre la vie et l'art». «C’est peut-être parce que son regard vient d’ailleurs que Montréal revêt dans son film un charme insolite, avec sa gare désaffectée et ses rues qui ne débouchent jamais sur le fleuve», écrivait pour sa part dans Le Devoir notre amie Francine Laurendeau en août 1984.

«La femme de l’hôtel est un film qui n’a pas de nationalité. C’est un peu le propos du film, d’ailleurs. Un film non pas sur la recherche d’identité et de racines, mais sur l’errance et la non-appartenance», confiait Léa Pool à notre regretté confrère Richard Gay, le 1er septembre 1984 dans Le Devoir. Récompensé du prix de la critique internationale au Festival des films du monde, La femme de l’hôtel avait pris l’affiche dans la foulée, dans un concert d’éloges pour la cinéaste, et pour ses interprètes. «Mais celle qui a enfin trouvé un rôle à sa mesure, c’est la grande Paule Baillargeon», écrivait Louis-Guy Lemieux dans Le Soleil. «Identifiée au Grand Cirque Ordinaire qu’elle a aidé à fonder, cette comédienne a été trop mal exploitée au cinéma. Elle est sublime. Rien de moins».

Le film ne l’est pas moins.

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